Je suis joie !
Forcément, vous connaissez ses dessins. Son talent, son humour ont fait d’elle une illustratrice et un auteur incontournable de la littérature jeunesse. Les plus grands collaborent avec elle. Elle est pour moi un exemple à suivre. De mon point de vue, son trait ses graphismes et ses couleurs ont amené une petite révolution dans le monde de l’illustration. Je trouve qu’elle a su casser les codes, et proposer quelque chose à la fois différent et universel.
Au-delà d’être une artiste talentueuse, c’est également une maman qui m’a donné un peu de son temps pour répondre à mes questions.
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Avec cette nouvelle ère du numérique, travaillez-vous toujours « à l’ancienne » ou utilisez-vous aussi l’ordinateur ? Quel est votre outil préféré ? (moi, je parie la plume !)
SB : « Je commence souvent par un croquis dans un cahier, au crayon noir, au feutre, stylo, bref, ce que j’ai sous la main. Je retravaille ensuite le dessin sur Photoshop. Photoshop me permet d’utiliser des claques pour améliorer le dessin, replacer une tête, ou corriger une main… Ce que je préfère c’est le petit dessin, une capture de ce que je vois, un instantané, s’il est au stylo, il est plus joli, plus délicat qu’au feutre.
Vous écrivez et illustrez des livres pour enfants, collaborez avec des grandes marques, avec les magazines féminins, quel est votre rythme de travail quotidien ?
SB : « Je travaille non-stop, même quand je me pose pour prendre un thé, le cerveau continue de travailler. Mais ce n’est pas vraiment du travail, il y a une grande partie de plaisir, c’est pour ça que c’est difficile d’arrêter, ça stimule même. »
Vous arrive-t-il de manquer d’inspiration ? Si cela vous arrive, que faites-vous pour la retrouver ?
SB : « Comme je travaille seule à mon bureau, parfois je tourne en rond. Pour trouver des idées, je vais faire un tour dans la rue, je traverse des ponts, je regarde la Seine couler, je vais prendre un thé en terrasse, je laisse traîner mes oreilles ou encore je vais me balader dans un musée. C’est très important de se ressourcer, sinon les idées deviennent pauvres. »
Quel projet vous a le plus marqué ?
SB « Quand j’ai eu rendez-vous avec Grégoire Solotareff, très grand illustrateur mais aussi éditeur à l’école des loisirs (Loulou et Compagnie) pour lui présenter le « Livre des Bruits ». C’était très impressionnant de montrer son travail à quelqu’un qu’on admire, et qui trouve que mes dessins et mes idées sont bien. »
Quel est selon vous la voie royale pour devenir Illustrateur ou illustratrice ?
SB : « Il n’y a pas de voie royale, on doit réussir à contacter les gens pour montrer notre travail. Ou l’envoyer aux comités de lecture dans les maisons d’éditions. Il faut dans un premier temps, aller en librairie, regarder les livres qu’on aime bien, chercher les éditeurs de ces livres. C’est mieux d’envoyer son travail, dans les maisons d’éditions qui nous correspondent.
Y-a-t-il eu des moments ou des rencontres, déterminants dans votre carrière ?
SB : « Quand j’ai commencé à travailler pour le magazine ELLE Quand une éditrice de chez Marabout a repéré mes illustrations dans le magazine Elle et que nous avons créé ensemble la collection « les paresseuses ».Ma rencontre avec Solotareff. Quand Sarah du concept store Colette, m’a prise dans sa « team » d’artistes. »
Si vous n’aviez pas fait ce métier, lequel auriez-vous choisi ?
SB : « Je n’étais pas très douée à l’école, donc cela ferme beaucoup de porte. Et quand je vois le plaisir que je prends au quotidien, il m’est difficile d’imaginer un autre métier. Mais celui de psychologue est assez attirant, de pouvoir rentrer dans le cerveau des gens, dans leurs souvenirs pour les aider à se rééquilibrer, à devenir heureux.»
Quels conseils donneriez-vous à un illustrateur ou une illustratrice débutante ?
SB : « La première chose et de savoir dessiner, de prendre des cours de dessins, pour comprendre et intégrer le corps humain, les proportions et son fonctionnement. Pour trouver son style, il faut passer par un stade assez pénible, besogneux : répéter à l’infini un dessin qu’on a fait qu’on trouve bien, pour l’intégrer et pouvoir dessiner n’importe quoi de la même façon. Il ne faut surtout pas s’inspirer d’un illustrateur qu’on aime bien, sinon, on copie ses défauts. Certains illustrateurs vont exagérés un mouvement, une partie du corps, une expression, et en le copiant, on copie une mauvaise façon de faire, mais qui à lui, lui convient parfaitement.»
Merci Soledad pour ton temps et tes conseils.
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Quelques publications en tant qu’auteur / illustratrice:
- Trop de chance Gabi, École des loisirs, 2018.
- Vive la vie Gabi, École des loisirs, 2018.
- Bart is back, Denoël, 2016.
- L’Iliade et l’Odyssée, École des loisirs, 2015.
- Restons calmes !, Casterman, 2010.
- Le Livre des bruits, Paris, École des loisirs, 2004. (ISBN 2-211-07422-7)
- Le Livre des cris, Paris, École des loisirs, 2005.
Vous trouverez toutes ses références sur son site https://www.soledadbravi.com
Amélie Jeanne