Dernièrement, je me faisais cette remarque. Je rentrais tranquillement chez nous tenant à bout de bras la petite endormie, qui maintenant qu’elle a quatre ans est somme toute plus difficile à porter sur longue distance. Mais j’ai tout donné, et je suis allée jusqu’au bout de ma résistance pour ne pas la réveiller.
Tout ça pour dire, qu’il m’est revenu ces souvenirs, ces souvenirs d’actes purement héroïques qui peuvent arriver quand on est parent. Et je ne parle pas de nettoyer la morve de nez avec ton T-shirt quand tu n’as pas de mouchoirs, ou de lécher la sucette tombée malencontreusement dans la poussière … non, non, je parle d’actes à la limite du surnaturel.
Je me souviens de cette tempête de neige, en 2011 : j’étais apparemment dans l’impossibilité de quitter mon lieu de travail pour rejoindre mon domicile. Ma fille ainée était à la crèche, et quelqu’un devait forcément aller la chercher. Autrement, elle aurait passé la nuit là-bas, c’est certain. Et dans l’angoisse de l’abandon (mais non je n’exagère pas) Et je ne pouvais l’envisager.
Il fallait qu’on y aille tous, que l’un d’entre nous ait une chance d’arriver. J’ai donc appelé mes parents en catastrophe, qui pourtant n’habitaient pas si loin…qui se sont retrouvés très vite bloqués eux aussi et mon mari à qui j’ai préconisé de partir du bureau le plus tôt possible, pour tenter de rejoindre notre enfant. Mes parents, ayant fait deux cents mètres en deux heures, ont dû faire demi-tour.
Il m’a fallu plus 2h30 pour rejoindre la crèche (habituellement à une heure grand maximum de mon lieu de travail), en bravant les éléments, me battant (au sens littéral) pour obtenir une place dans l’unique train qui quittait la Défense (ceux qui savent, savent…) , et marchant dans la neige qui m’arrivait au genou dans un paysage d’apocalypse (heureusement que j’avais prévu les bottes) La neige qui tombait dru était trop lourde, des poteaux électriques avait chuté sous le poids. Pas une âme qui vive dans les rues balayée par le vent. Je suis arrivée à la crèche, mouillée, épuisée, transie. Pour repartir avec mon précieux chargement dans les bras, et rentrer à la maison, toujours à pied, emmitouflée dans mon écharpe Je me souviens que cet environnement, si silencieux, était tellement angoissant, que Julie s’est immédiatement mise à pleurer. Mon mari lui a réussi à rentrer, mais 5 heures plus tard.
Il y a eu cette fois, où je savais Julie en difficulté. en moyenne section de maternelle : elle se faisait harceler. J’étais au bureau, il était 15h30, un sentiment étrange m’a envahie. Mon instinct maternel a pris le dessus : il FALLAIT que j’aille la chercher. Je me suis éclipsée, discrètement. Je suis arrivée alors qu’elle était déjà en route pour la garderie (forcément, je n’avais pas anticipé…). Quand elle m’a vue, elle a bondit, et a couru vers moi et m’a serrée très fort. Elle m’a dit, « merci maman de m’avoir entendue. Tu es venue me chercher !! ». C’était vibrant d’émotion (j’en ai presque pleuré). Oui quelque chose en moi a entendu cet appel au secours…
Et puis cette fois-là. J’avais Charlène emmené à la piscine de la résidence. L’heure de fermeture de la piscine approchant, le maître-nageur commençait à rentrer les transats, j’ai donc dit à Charlène que nous devions rentrer. Je lui ai enlevé ses bouées, qui n’avaient pas servi, elle a pris sa serviette préférée pour se faire une cape. Nous avons enfilé ses petites sandales, et moi je me suis rhabillée, et préparée à partir. J’ai pensé à ramener mon transat, je tenais, d’une main le sac de piscine, de l’autre le transat à ranger, et Charlène marchait à côté de moi, sa serviette formant une cape.
Il a suffi d’une fraction de seconde : aveuglée par la serviette, Charlène est tombée dans la piscine. Sans bouée. Avec la serviette sur la tête.
J’ai hurlé à la mort, façon crise d’hystérie, ce qui a vraisemblablement alerté les autres usagers de la piscine (et le maître-nageur aussi…) je me suis jetée à l’eau pour secourir mon enfant. J’ai jeté mon sac et mes tongs et plongé tout habillée, mon cerveau réfléchissait très vite, il a calculé l’élan et le plongeon à faire pour ne pas atterrir sur mon enfant, mais ne pas être trop loin non plus pour l’aider le plus rapidement possible. Le maître-nageur est arrivé en courant et m’a aidé à sortir Charlène toujours empêtrée dans sa serviette.
J’ai été plus rapide que lui sur ce sauvetage…c’est normal car je suis SA mère.
Bon, et enchaîner une journée de boulot avec moins de deux heures de sommeil au compteur…on en parle ? Surnaturel ça aussi…non ?
Joyeuses fêtes à tous !
Amélie Jeanne.
Incroyable cette prescience qui te permet de te dépasser… Je n’ai pas tellement eu de telles occasions j’avoue, mais ça m’épate toujours!
Je connais cette force incroyable qui sort de nulle part.
Un soir nous étions chez des amis au bord d’une piscine, mon garçon jouait tranquillement… Jusqu’à ce qu’un de ses jouets tombent dans l’eau.
J’ai vu la scène au ralentit sous mes yeux, le voyant tomber tout doucement.
J’ai sauté toute habillée de ma robe de soirée, en le récupérant tout doucement pour qu’il ne soit pas effrayé… Je me suis sentie invincible… Prête à tout pour lui.
Même s’il ne sexprime pas toujours, il est là tapi au fond de nous.
Cet article était très juste merci…
C’est ça tu le dis mieux que moi. Un sentiment de force et d’invincibilité !
Très touchant, une vraie Maman Ange Gardien 🙂
Bises et amitiés
Merci ❤