Une fois n’est pas coutume, je vais faire un vrai billet. Non non non, point aujourd’hui d’histoire drôle, j’ai besoin de me soulager. Je voudrais parler de la misogynie ordinaire. Saviez-vous que le contraire de misogyne est misandre ? Mais bizarrement je ne l’ai pas beaucoup entendu ce mot.
Dans notre entreprise, moi et mes collègues femmes, nous aimons nos métiers, nous aimons y travailler, et vraiment on se donne à fond mais nous nous heurtons bien trop souvent à des comportements misogynes si ce n’est inconvenants (harcèlement moral, notamment).
Mais soyons factuel(le)s :
- Une collègue et moi une fois avions été désignées par notre chef d’équipe pour participer à un congrès scientifique. Le supérieur hiérarchique s’y est opposé, préférant envoyer je cite « un moustachu ».
- Quand je mets une jupe, tout le monde vient dans mon bureau (les gars, ce n’est qu’une jupe, bordel)
- Beaucoup trop de femmes de mon entourage (collègues mais aussi amies ou connaissances travaillant dans d’autres secteurs) ont subi un harcèlement moral, ou voient leurs compétences ignorées et/ou dénigrées par leurs collègues masculins, mais je ne parlerai que de mon propre cas avec le florilège des insultes dont j’ai fait régulièrement l’objet :
- Tu as eu ton diplôme dans un baril de lessive ?
- Est-ce une question d’intelligence ?
- Rappelle-moi ton diplôme (skip formule triplaction…) ?
- Toi au moins tu n’es pas enceinte ! (Ma préférée, cela va sans dire)!
- Tu confonds encore les choux et les carottes ! (Navarin d’agneau en vue…)
- Et le fameux : mais comment tu fais avec tes enfants ? (Sous-entendu : mère indigne !) – note pour les gens : mes enfants ont aussi un PAPA, 2 grands-mères et une babysitter.
Pourquoi c’est si difficile d’être femme aujourd’hui dans notre entreprise bien-aimée ?
- D’abord et avant tout, parce que nous pratiquons des métiers dits « genrés » (des métiers d’homme donc. Note à mes collègues masculins : ma sage-femme était un homme ; note à moi-même, cela n‘avait pas l’air facile pour lui non plus)
- Parce que le système méritocratique est mort (enfin, de ce que j’en ai vu). Il est fini le temps où les gens faisaient toute leur carrière dans la même entreprise, progressant échelon par échelon.
- Parce que les comportements sexistes ont malheureusement la vie dure.
Heureusement (?) pour nous les femmes, il y a les quotas imposés par la loi du 27 janvier 2011. Moi par exemple, j’ai été embauchée pour mes compétences, mais aussi pour les quotas. (La loi du 27 janvier 2011 est relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle. Ce texte prévoit l’instauration progressive de quotas pour aller vers la féminisation des instances dirigeantes des grandes entreprises).
Mais je me plains, je me plains, où en est-on en 2016 en France ? Voilà un extrait de la publication de l’édition 2016 du Guide de la Parité du HCE (Haut Conseil à l’Egalité) publié en août 2016 :
– CULTURE : sur les 100 plus grandes entreprises culturelles, 93 sont dirigées par des hommes ;
– ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : les femmes représentent 55,2% des étudiant.e.s mais seulement 15,6 % des président.e.s des universités françaises ;
– SPORT : les femmes représentent 30,4% des licencié.e.s, mais seulement 10,5% des président.e.s de Fédérations sportives ;
– MEDIAS : les femmes représentent 49,6% de l’auditoire des radios, mais seulement 8% des présentateur.rice.s ;
– ECONOMIE : aucune femme n’est PDG d’une des 40 entreprises du CAC 40, seule une exerce des fonctions exécutives (Engie), et deux sont présidentes (Publicis, Sodexo).
Bref c’est probablement pour cela que le gouvernement lance ce mardi 4 octobre un plan interministériel pour rééquilibrer les relations hommes / femmes en entreprise…
Ma pauvre Simone, on en a du chemin à parcourir encore…enfin, pour moi ça va mieux. J’ai un nouveau chef qui est vraiment génial, et dans son équipe il n’a choisi que des femmes…
Tout comme toi, je suis tres profondement irritee par les remarques machistes… Mais en meme temps, je me frotte souvent les mains de faire un boulot dit « masculin ». Tant qu’on occupe le terrain, ca embete bien tous les machos qui sont un peu obliges de faire avec et de l’accepter au quotidien. Et ca me fait interieurement hurler de rire de voir combien ca peut ronger certains collegues hommes (pas tous, heureusement)!
Oui tu as tout à fait raison. Et nous avons d’autres armes… Personnellement je travaille beaucoup ma cote de sympathie et l’humour, ce qui me sauve parfois de certaine situation 🙂
Eh bien, tu vois, le Canada est bien moins machiste que la France. De telles remarques seraient punies par la loi, ici…
Ah j’adore les canadiens…..
Bah oui mais quelle idée d’être géologue aussi !!! En fac de géol, on était 5 filles dans l’amphi, je vois que ça change pas des masses après 😉 Bon sans rire, j’espère que les mentalités évolueront vite…
nous nous étions 7….:-)
Pfiouuuu bon courage avec ces c**** … Dans ma boîte c’est surtout des femmes alors ça peut aller… Mon mec passe ses journées à recarder certains collègues homme… Il ne supporte pas ce genre d’attitude !! (Ouais il est bien !!)
et il a bien raison, papa délire, il faut le cloner cet homme là….:-)
Bonjour Tout à fait d’accord avec ce billet d’humeur coup de gueule bcp de choses sont encore à revoir pour nous les femmes, mais il faut se battre et envoyer se faire voir les emmerdeurs , les rétrogrades, les sexistes …:))
merci Lielie ! Oui révolution ! (c’est juste que ça me fatigue un peu parfois….)
Es tu vraiment sûre d’avoir été embauchée pour faire le quota ?
🙂
Hé hé non j’ai été embauchée parce que je cite : tu as un profil rare….et en plus tu es une femme donc nous n’aurons aucun probleme pour faire approuver cette embauche. ..
Hihi super article. Merci copine 😁
ah j’ai beaucoup pensé à toi hier soir…:-)
Il y a encore du boulot en effet
hélas…
Tu devrais regarder l’exemple québécois, tu y prendrais beaucoup de plaisir : société matriarcale var pendant très longtemps l’homme partait travailler tôt dans l’industrie, la forêt ou la mine alors que la femme faisait des études. Donc une société évoluée et très féminine.
Après en France, je pense que les femmes ne prennent pas assez l’ampleur de leurs compétences et au lieu de se battre contre la misogynie, devraient se battre pour atteindre leurs objectifs personnels : réussite professionnelle, familiale ou financière (peut importe en fait du moment qu’on est heureux)
Oui. Je travaille à atteindre mes objectifs…merci pour le commentaire ! Ah ces québécois….