Enfin te voilà. Cela fait deux ans que tu avais disparu.
Toi qui savais tout faire, guerrière, organisatrice, cette maman investie que tu étais, cette femme d’action. Cette scientifique reconnue.
Il y a deux ans, tu as disparu.
Tu as laissé ta place, comme ça d’un coup, à quelqu’un d’autre. Cette personne fragile, vraiment, toute perdue qu’elle était dans ses fonctions quotidiennes. Son corps lui faisait mal. Ses cheveux tombaient par poignée. Elle ne savait plus aider ses enfants à faire leurs devoirs, butait sur les mots, les additions. Incapable de produire un travail rigoureux, de se souvenir de son code de carte bleue. Elle se faisait avoir par des téléopérateurs qui lui vendaient n’importe quoi, sous prétexte de faire d’elle enfin une bonne mère, profitant de son état de faiblesse pour faire ressortir la culpabilité.
Un jour elle a pris le métro, elle s’est perdue, elle ne savait plus comment faire après 20 ans de pratique de transports en commun. Evidemment, du fait de son manque criant de vigilance, elle ne pouvait plus conduire.
Cette pâle copie de toi-même, je l’ai côtoyée pendant deux ans. Elle a fait illusion, un peu. Mais pas longtemps.
Pour te faire revenir il a fallu changer les choses.
Le plus long fut d’accepter ton départ.
Puis réapprendre, avec des cours de musique.
S’investir dans un projet créatif avec l’ouverture d’un blog, se remettre à dessiner, toi qui avait laissé tes crayons depuis tant d’années.
Parler, beaucoup, de tout ce que tu as subi , le harcèlement moral, plusieurs fois, la négation continuelle de tes compétences, la perte d’êtres chers, les injustices et les traumatismes de la vie que tu pensais pourtant avoir brillamment surmontés.
Dormir énormément pour rattraper 3 ans de nuits sans sommeil.
Changer d’environnement professionnel, pour se donner une nouvelle chance, une nouvelle énergie.
Et surtout accepter que tu n’étais au final pas si forte que ça, pas si insubmersible que ça et certainement pas indestructible;
Et reprendre le poids que tu avais perdu (ça éventuellement, tu aurais pu t’en passer…)
Tout cela pour vous dire que se remettre d’un burn out n’est pas facile. C’est long, ça prend du temps. Et c’est parfois décourageant.
Cet épisode de ma vie qui a duré plus de deux ans m’a profondément transformée, je me suis retrouvée c’est vrai, car je me suis surprise dernièrement à organiser et planifier les vacances, finir deux articles scientifiques longtemps délaissés, ranger la maison et faire le tri de vêtements et des jouets des enfants. J’ai changé de travail et accepté un poste à responsabilités dans une entreprise différente. Pour laisser derrière moi un passé professionnel digne d’un parcours du combattant.
Bref reprendre le cours de ma vie. D’une autre vie.
Mais parfois je vacille encore : l’équilibre est je le sais, fragile. Je suis consciente désormais de mes limites, alors que longtemps, j’ai pensé que je n’en n’avais pas.
Mon corps a ses limites, ma patience a ses limite et ma tolérance à la bêtise aussi désormais. Et je pense que c’est une bonne chose d’en avoir enfin conscience.
Prenez-soin de vous.
Amélie Jeanne.
Merci pour ce témoignage si bouleversant. Il m’a mis les larmes aux yeux. J’ai une question: qu’est-ce qui différencie un burn out d’une dépression? Je suis heureuse que tu te sois retrouvée et merci encore pour ta sincérité.
Coucou Frau
Je dirais que la dépression va avec le burn out. Dans mon cas et je ne parle que pour moi : Après plusieurs alertes physiques sérieuses dont je n’ai évidemment pas tenue compte mon cerveau pour sa survie s’est déconnecté. Impossible d’additionner 2+2 ou de réaliser des gestes simples du quotidien. J’avais également épuisée toutes mes ressources avec des analyses de sang proche de zéro pour à peu près tout.
Pour se reconstruire mon corps à siphone tout ce qui était possible en plus de ce que je mangeais. J’ai perdu 12 kilos. Et mes cheveux sont tombés bien sûr.
Mais le symptôme le plus frappant c’est que quand on fait un burn out on refuse obstinément de croire les personnes qui vous disent que vous faites un burn out….
Merci pour ce témoignage.
Merci Amélie pour cette confession. Et merci pour ce blog que je visite chaque semaine sans bien sûr me manifester ! J’adore tes dessins et tout ce qu’ils contiennent.
Merci…
Merci à toi d’avoir posé ces mots, là. Tes dessins sont toujours très justes. Tes mots le sont tout autant.
Et bravo…
Bravo pour le chemin parcouru…
Tu es adorable. Merci.
Chapeau pour cette belle remontée !
j’espère que tu sais à quel point je suis heureuse de lire ce texte. je suis heureuse de voir que tes dessins parlent à beaucoup, il me parle beaucoup à moi ! c’est une si belle remontée Amélie !
Merci à toi de m’avoir encouragée !
C’est une belle chose que d’être, juste être. Alors prenez-bien soin de vous également, Amélie Jeanne … et vivent les Chroniques de ma (la !) vie ordinaire !
Encore merci pour ta fidélité indéfectible depuis le début. 😁
Merci pour ce témoignage, fort, intense. Bravo pour le message et pour le chemin parcouru. Je suis bien contente d’en avoir fait et d’en faire un petit bout à tes côtés. Tu es une inspiration pour chaque personne qui a un souci dans la vie.
Merci.
Oulala mais quel compliment !
Merci pour ton amitié clairette ❤
Quel beau texte. J’y retrouve tellement le vécu de proches atteints de burn-out. Cela aura fait émerger chez toi ce talent pour le dessin, c’est une belle revanche ! 😘 Bravo !
Merci à toi ! Au final les activités artistiques permettent l’évasion et les moments pour soi.
C’est un élément important de la guérison. Je pense….
Un témoignage fort !
Ton témoignage est extrêmement touchant…Et extrêmement salvateur car il démontre qu’on peut trouver une solution et sortir de ce genre de situations, pas d’un coup de baguette magique mais au fil d’un vrai travail sur soi très porteur pour la suite…Je te la souhaite très belle, car moi je l’aime beaucoup cette nouvelle toi.
Merci Picou.
Moi aussi j’aime énormément ce que tu es et ce que tu fais.
J’ignore les circonstances exactes de ce burn out même si je perçois des éléments à travers tes mots et j’imagine à quel point tu as dû souffrir… Bravo à toi pour ce chemin parcouru et je ne peux que te souhaiter d’être heureuse 🙂
merci Cécilia ! le chemin fut long mais je crois sincèrement que ce burn out fut la chance d’un nouveau départ.
Merci pour ce témoignage! Et pour vos superstar dessins que je montre régulièrement à mon mari!
Et oui sans le burn out il n’y aurait peut être pas eu de blog….merci pour ce gentil commentaire