Le sac de course

Veille de rentrée scolaire, été oblige, la puce a pris deux tailles (les enfants grandissent toujours pendant les vacances, vous avez remarqué ?), nous devons à minima lui racheter quelques vêtements… je profite d’un super bon de réduction de chez « Aux enfants sages ». pour aller y faire un petit plein de T-shirts, baskets et pantalons. Oui j’en ai pour un peu cher, mais je me dis que ce n’est pas très grave dans la mesure où :

  • j’ai un bon de réduction. Donc il faut que je le dépense, c’est très logique.
  • les vêtements iront ensuite à ma nièce, il s’agit donc d’un investissement long terme
  • ils sont hyper résistants, voir ligne ci-dessus.

Le gros sac de la marque et moi nous partons après acheter le cartable, absolument nécessaire, puis Chéri nous rejoint et nous en profitons pour faire les courses de bouffe au magasin alimentaire, « Comida ».

Bref, un samedi après-midi de pré-rentrée scolaire, rien d’exceptionnel. Sauf qu’au magasin « Cuisine en folie » (articles de cuisine), il y a une démonstration de décoration de gâteaux. Et celle qui fait cela, c’est la baby-sitter de Julie, qui bien sur veut a-bso-lu-ment aller voir. Je donne les courses de bouffe à Chéri qui se propose de rentrer à la maison les mettre au frais, et je pars tranquillement avec le reste à « Cuisine en folie ».

Le cours est sympa, c’est vrai que Bénédicte s’y entend pour travailler la pâte à sucre. La petite est ravie, moi aussi. Ce n’est que bien plus tard, qu’en fait, je me rends compte que je n’ai plus avec moi le sac de « Aux Enfants sages ». Arg, je n’y ai pas fait attention, toute absorbée que j’étais par ce cours de cuisine. Et je pense donc immédiatement qu’on me l’a volé. Je me précipite dehors, ….rien. Bénédicte est désolée pour moi. Et en plus, le système de télésurveillance du magasin est en panne, c’est ma veine.

J’appelle Chéri pour lui expliquer, et lui demander si par hasard, il a avec lui le fameux sac (on ne sait jamais….). Il me dit que non, et que je ne fais jamais attention. Sur les conseils d’une vendeuse, je me précipite, à la sécurité du centre commercial effectivement, j’ai repéré des caméras de vidéosurveillance bien placées….les gars m’expliquent qu’ils ne peuvent rien visionner sans plainte officielle à la police. Qu’à cela ne tienne, je vais porter plainte.

Mais avant je file chez « Aux Enfants sages » refaire mes achats parce que :

  • j’en ai besoin
  • j’ai un deuxième bon de réduction (que je n’ai pas pu cumuler avec le premier)
  • et je mets tous les achats sur mon compte pour éviter de me faire pourrir par Chéri sur mon côté dépensier.

Bien sûr j’en profite pour raconter ma mésaventure…les vendeuses me plaignent de tout leur cœur.

Reste à trouver le temps d’aller déposer ma plainte. Un brin compliqué le commissariat de ma ville est ouvert de 9h à 12h en jour de semaine, mais j’apprends que celui de la ville d’à côté fait nocturne. Entre la rentrée scolaire, les devoirs (ça c’est nouveau) et l’organisation générale, je ne trouve le temps d’y aller que le vendredi (soit presque une semaine plus tard !). Courageusement, en sortant du boulot, je m’en vais donc au commissariat.

Comment dire….

Je suis restée trois heures, et en trois heures j’ai vu défiler : un groupe d’agents de sécurité qui a mis un jeune en garde à vue pour agression, un jeune fichu à la porte par son père, n’ayant nul endroit où aller, deux touristes anglais (ou américains ?) qui se sont fait dévalisés, la mère d’une ado schizophrène qui a disparue, la mère d’une petite fille, dont l’ex-mari refuse de dire où ils sont, et moi donc avec mon sac de course « aux Enfants sages ».  Et deux mains courantes pour escroquerie à la carte bleue. Autant dire que j’ai franchement l’air fin, au milieu de tous ces drames. 23h sonne c’est mon tour, le policier (avec un léger sourire au début quand même) prend note de ma plainte, m’imprime 5 feuilles que je dois signer, prenant donc en considération que j’ai  bien lu l’alinéa 6 du texte de loi n°12, et me voilà donc officiellement victime de vol. Je lui signale que la zone est télé surveillée, et que donc, malgré les drames qui se jouent au quotidien, ils auront sûrement beaucoup de facilité à identifier mon voleur.

Voilà.

Et ce n’est pas peu fière d’être allée jusqu’au bout de ma démarche que je rentre à la maison. Non mais !

La vie suit son cours, et lundi, je reçois un coup de téléphone :

« Ici la vendeuse d’ « aux Enfants sages », c’est bien vous qui aviez déclaré un vol de sac de course ? »

« Oui c’est moi »

« Le magasin Comida l’a retrouvé et ils viennent de nous prévenir ».

« Euh…? »

C’est lundi, la petite est en main ce soir avec ma mère, après vérification au téléphone il ne manque rien dans le sac. Je décide donc de filer au commissariat retirer ma plainte. Et je me demande vraiment ce qui s’est passé, j’étais per-su-a-dée de l’avoir avec moi ce sac. Impossible de l’avoir oublié chez Comida. J’en suis certaine. Et puis d’ailleurs c’est bizarre non ? C’est certainement quelqu’un qui l’a pris, qui m’avait suivie et qui l’a redéposé chez Comida après coup, en regrettant son geste. Sinon, cela n’aurait pas pris une semaine à le retrouver. Forte de ce scénario qui me rassure sur mon état mental, je retourne donc au Commissariat.

Ce soir il y a : un jeune qui s’est fait rappeler à l’ordre pour délit de fuite, un homme qui a eu un accident de voiture et la personne s’est enfuie (aucun rapport avec la première histoire), une maman à la recherche de son ado (ce n’est pas la même que la semaine dernière), un allemand qui a été détroussé (décidément, les touristes n’ont pas de bol…) et quelqu’un d’autre dont je n’ai pas suivi la raison de sa présence. De toute façon je fais des records au scrabble sur mon téléphone, en me disant qu’ici il n’y a pas beaucoup de confidentialité.

Mon tour arrive, je retire donc ma plainte, et je vois marqué au-dessus du mur que tout dépôt de plainte abusif est puni de 6 mois de prison et 75 000 euros d’amende. J’ai bien fait de ne pas traîner. Mais de toute façon, je suis de bonne foi.

Je retourne chez « Aux Enfants sages » le lendemain pour me faire rembourser les achats, effectués donc en double. La vendeuse me reconnaît, ça prend un peu de temps, nous discutons, pendant que Julie se transforme en liquide sur le banc (c’est-à-dire allongée de tout son long, avec les membres qui pendent, pour manifester son ennui profond).

« Etrange cette histoire  non ? » dis-je.

«  Oui, mais nous en voulons beaucoup à Comida…ils ont mis une semaine pour nous appeler ! »

Bon, mon scénario s’envole en fumée. Je suis décidément atteinte de grosse, grosse fatigue, c’est officiel. Mais notez que, dans mon état, c’est n’est peut-être pas si anormal….Le syndrome du neurone unique quand on est enceinte ?

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