Priche

Le premier jour de sa rentrée à l’école maternelle, Julie était ravie. Mais c’est parce qu’elle n’avait pas compris qu’on allait l’y laisser toute la journée. Je l’ai retrouvée le soir dans un état fébrile. Elle m’a dit en versant de grosses larmes : « j’ai pleuré à l’école, tu sais, car après la sieste c’est l’heure des mamans, et si on ne fait pas la sieste, les mamans ne viennent pas, et moi j’ai dormi et toi, tu n’es pas venue !  » (Là c’est moi qui ai failli pleurer non mais ça ne va pas de dire ça à un enfant !). La pauvre est restée à la garderie en fait.

Le lendemain, le drame. Dès son réveil Julie me demande :

« On va où ? »

« A l’école ma puce »

«Je ne veux pas y aller ! »

Son angoisse est montée crescendo jusqu’à la maternelle. Alors qu’à côté de moi, des mamans chevronnées dont c’est manifestement au moins le second enfant, font le dépôt-déshabillage-bisou-je m’en vais à ce soir- en moins de trois minutes, moi je serrais fort ma petite puce pour la rassurer, « ne t’inquiètes pas, je ne t’abandonne pas, je suis fière de toi, je te promets ça va bien se passer je t’aime, tu vas me manquer, non lâche ma jambe – Julie calme toi- lâche mon pull, tiens prends ton doudou, oui c’est promis on viendra te chercher- mais il est où ce doudou, HORREUR le doudou n’est pas dans la caisse à doudous!!!

En larmes aussi, je vais voir la maitresse (et ignore les autres mamans qui font la queue derrière moi) et lui balance mes reproches entrecoupés de sanglots :

« Vous lui avez dit que c’était l’heure des mamans, et elle a cru que je viendrai, snif ouin ! Mais enfin pourquoi ça ne s’appelle pas l’heure de la garderie ? L’heure des nounous ? L’heure des mamans qui ne travaillent pas ? J’ai plein d’idée si vous voulez…et en plus VOUS AVEZ PERDU SON DOUDOU oooooouuuuuuuuiiiiiiinnnnnnnnn » (je pense que suite à cet épisode à la limite de l’hystérie, je vais avoir du mal à me faire des copines mamans…déjà que dans mon état normal on me trouve bizarre…).

« Madame calmez-vous ».

« Je suis très calme ! »

« Madame, c’est à vous d’expliquer à votre enfant le rôle de la garderie ».

« Hein ? »

« Madame, j’ai l’habitude des enfants …et des mères aussi…. Reprenons, le doudou, c’est quoi ? »

Dans l’émotion, je réponds « le doudou s’appelle Priche ».

La maîtresse, consternée, me demande « et vous pensez sérieusement que cette information va m’aider à le retrouver ? C’est écrit Priche dessus peut-être ? »

Je réalise qu’effectivement, il y a peu de chance que le doudou réponde à son prénom :

« non c’est marqué Julie dessus… »

« Reprenons, Madame, un doudou c’est important, de quoi s’agit-il ?

Légèrement décontenancée, je lui dis : « c’est un lapin, avec de longues oreilles ».

« Avec de longues oreilles ? Comme tous les lapins en fait ? »

« Heum oui ».

« Avez-vous regardé dans la deuxième caisse ? »

« Ah bon il y a une deuxième caisse ? »

« Oui juste là….. »

 

Effectivement c’est là que j’ai retrouvé Priche.  Ce fut un grand moment de solitude.

Chéri le juste

Julie a enfin dormi cette nuit. Donc maman aussi. Et ça fait du bien quand même.

Car depuis trois semaines maintenant, c’est réveils nocturnes. Toujours en colonisation du lit parental. Et quand je la mets au milieu de nous deux, mademoiselle ne manque pas de me signaler qu’il ne faut pas oublier le lapin rose, membre à part entière de la famille qui a bonne place sur l’oreiller parental. C’est amusant, parce que parfois le manège dure longtemps :

– réveil maman
– installation / colonisation
– envie de pipi
– ouverture turbulette
– descente du lit
– pipi au pot
– maman j’ai soif
– retour chambre parents
– escalade du lit (en toute discrétion.)
– tente avec les pieds
– recherche active du lapin rose
– acceptation retour dans turbulette pour que maman arrête de subir des coups de pieds intempestifs.
Pendant ce temps-là, Chéri dort du sommeil du juste. Rien ne le réveille, c’est incroyable.

Le jurlement

Ce matin, en mode solo, réveil enfant pas top (je déteste réveiller ma fille, elle a l’air tellement bien sous sa couette, c’est un déchirement). Je la porte encore tout endormie dans le salon pour qu’elle se réveille doucement devant son dessin animé préféré. Je lui prépare son petit déjeuner et pars vite dans la salle de bain pour un débarbouillage-habillage rapide.

Retour au salon : « Julie tu prends ton petit déjeuner, dépêche – toââ allez debout on s’habille dépêche toâââ ». Péniblement j’habille Julie « Allez mange ta banane, oui j’ai vu les trois petits cochons, non je ne veux pas manger de banane Alleeeeeeeeeeeeeeez dépêche toâ ! »

Arrive le moment du départ pour l’école je dois impérativement être à l’heure pour attraper mon bus et avoir mon train pour cause de réunion de la plus haute importance (du moins, c’est ce que je crois à ce moment-là…), je dis « Julie éteins la télé », Julie appuie sur la mauvaise télécommande et allume, du coup la rognotudju de PlayStation. J’éteins la télé, puis j’essaye d’éteindre la PlayStation, c’est toujours difficile, sachant qu’il n’y a pas de bouton off.

Après quelques minutes d’énervement j’arrive à l’éteindre.

« Maman ? Oui ma puce ? Qui c’est qui a éteint la télévision ? (j’essaye de noyer le poisson) C’est nous deux ma puce. Oui mais maman, c’est moi qui éteins la télévision, OK je la rallume et toi tu l’éteins (ça me fait économiser quelques précieuses minutes de discussion). Julie se trompe et appuie à nouveau sur la télécommande de la PlayStation….premier jurlement de la journée.

Un jurlement et une façon de s’exprimer : pendant que tu jures comme un charretier « à l’intérieur » à l’extérieur un seul mot résonne « Julie !!! » le jurlement est donc l’action de jurer intérieurement pour garder chaste les petites oreilles, et de hurler à l’extérieur car ça fait du bien.

« Mais maman, pourquoi tu cries ? » Et là, de grosses larmes perlent sur ses petites joues rebondies.

Haute culpabilité maternelle.

Je m’assoie, je la calme je m’excuse « oui Julie je n’aurais pas dû crier, maman est désolée ». Après tout ce n’est pas de sa faute si la PlayStation est mal fichue.

Petits yeux humides, snif snif je dis « Julie est-ce qu’avec un petit bonbon ça irait mieux ? ». Elle me fait comprendre que vue la situation, un bonbon la soulagerait sûrement.

« Oui mais c’est moi qui choisit » me dit-elle.

J’ouvre la boite à bonbons (la boite à bonbons ne s’ouvre que pour raison exceptionnelle, je vous rassure).

Et je vois les tentations, une sucette, quelques carambars, quelques colliers de bonbons…j’avise un bonbon à l’orange emballé, ça au moins, ce sera vite réglé. Je lui donne.

« Mais maman, c’est moi qui devais choisir ! » « Oui, mais non (notez que « oui mais non » est passé dans mon vocabulaire courant) ma puce je prends exprès celui-là car au moins tu n’auras pas les doigts qui collent ».

Julie enlève ses gants, enlève le papier et mange le bonbon

« Maman, j’ai les mains qui collent !! » (Je l’attendais celle-là…) Coup d’œil à la montre….

Mets tes gants ma puce, comme ça tes mains ne colleront plus on les lavera à l’école….

Clé dans la porte, blouson fermé, on se précipite pour aller à l’école. Sur le chemin, nous croisons Anna et sa maman. Anna, pleine d’énergie (mon Dieu, mais comment fait-elle ?) saute sur place, court partout et dit à Julie « attrape-moi si tu peux !! ». Les filles partent à toute vitesse, et je vois la route arriver.

Deuxième jurlement. Donc je jurle : « JULIE !!!! ». Effet immédiat, elle s’arrête de courir.

Le reste du parcours se déroule sans encombre.

Arrivées à l’école, le couloir est boqué par le petit Arthur qui se roule par terre parce qu’il n’a pas son doudou, et ses parents (les deux) désemparés en train de le tirer par le pull jusqu’à la salle de classe. Je fais un bisou à ma petite puce, et je lui dis, « faufile-toi », ce qu’elle fait. Opération dépôt à l’école si l’on excepte le parcours, en général, est assez rapide. Ce qui me permet de piquer un sprint jusqu’à l’arrêt de bus, façon slalom pour éviter les parents et les enfants qui vont, eux, en direction de l’école.

Arrivée arrêt de bus. Il est en retard (ça tombe bien, moi aussi). Je retrouve Alphonse et Alice, deux copains de bus. Nous devisons tranquillement sur le fait que si le bus arrive en retard, mathématiquement, il y a un risque que nous loupions le train. Aujourd’hui j’ai une réunion importante, je dois donc être là-bas à 9h30 pétante (9h29 serait un plus, j’aurais le temps de boire un café…).

Le bus finit par arriver….et nous amener à la gare. Premier constat, il y a sûrement des trains qui ne sont pas passés, car le quai est noir de monde. Avec Alphonse et Alice, nous nous faufilons jusqu’au bout du quai. Le train arrive, nous rentrons au chausse-pied dans le wagon. Nous nous organisons avec les autres voyageurs pour utiliser tous les m² disponibles. Car si nous, nous sommes rentrés, ce ne sera probablement pas le cas des autres voyageurs des prochaines gares du trajet. Blagues des usagers : « avec tout ça il ne manque plus qu’un malaise voyageur !! Attention v’la le contrôleur, ah ben il sera bien reçu !! »

Quelques jurlements: poussez-pas, ah mais monsieur, je n’y suis pour rien, est-ce que les voyageurs dans les allées pourraient se serrer plus? Bah non, en fait sinon, on va finir sur les genoux de ceux qui sont assis, ah ben c’est peut être la solution. Et si je me mettais dans le porte bagage ? Ah ah ah….

Et là Alice a eu cette réflexion: « quand je pense à tout ce qu’on subit le matin pour aller travailler (également mère d’une petite Coralie, 8 ans, avec qui, ce matin ça ne s’est pas super bien passé) et que je vais avoir mon entretien annuel avec cette petite phrase qui revient tout le temps : « vous n’êtes pas assez motivée !!!! ».

Le collant en spray

 

Qu’est-ce que c’est : une bombe de peinture, de couleur chair qui remplace le collant. Vous avez déjà essayé ? La promesse : des jambes parfaites.

Me voilà au mariage de ma copine Eglantine.

J’ai prévu une super petite robe plissée grise, que j’adore, très classe. L’ennui, c’est que ma grossesse m’a laissé des marques : des réseaux autoroutiers de varicosités rouges et violettes sont dessinées à présent sur mes jambes, avec pour couronner le tout quelques bleus.  La température avoisine les 35 degrés, nous sommes dans le sud de la France.

Donc j’ai dans ma valise une batterie de collant « effet bronzé » en général j’en prends trois ou quatre paires, parce que le collant résistant, je n’ai pas encore trouvé.

Je regarde donc pleine d’espoir la bouteille de collant en spray qui outre la promesse de me faire des jambes de star (yeeeeees), va me permettre de me passer de collant ce qui est appréciable en cas de canicule.

 

Essai.

 

A Chéri je dis que je pars « me faire belle » et démarre l’occupation de la salle de bain.  Il me demande si j’en ai pour longtemps parce qu’il doit se préparer aussi, je lui réponds nononon.

Bon allez, y a plus qu’à.

Bien secouer avant emploi…je secoue.

Je me mets prudemment dans la douche et commence à asperger lesdites jambes. Un pschitt, puis je regarde l’effet rendu. En fait, mince……je ne me suis pas épilée. En temps normal, mes poils de jambes ne se voient pas, mais là effectivement, ma peau a l’air de porter un collant, avec tous les poils qui en ressortent façon yéti, car le produit les a colorés en noir. C’est immonde.

J’essaye d’effacer le produit de la jambe. Bordel, ça ne part pas.

Bon je sors mon rasoir jetable et entreprends un débroussaillage d‘urgence. Je ne vais pas me décourager, je recommence la séance de peinture. Ça pique un peu à cause du rasage. Et ça me coule sur les doigts aussi. Et dans le bac de douche.

Pour l’arrière des jambes, la douche est un peu petite, et je dois me contorsionner, pour atteindre l’arrière des genoux. Comme je suis ridicule, je m’assure que la porte est bien fermée à clé.

Coup d’œil. L’épilation éclair n’est pas transcendante. Ca fait des petits points. Ah mince et ça ne couvre pas les bleus ce machin. Enfin, si j’insiste peut-être que ça se verra moins? J’insiste sur la zone…  Détail existentiel, il faut remonter jusqu’où ? Je choisi mi-cuisse, même si ça fait bizarre. Bon en rentrant, je m’arrangerai pour rester dans la pénombre, parce que avoir en face de soi sa femme peinturlurée jusqu’à mi-cuisse, ça risque de faire drôle…Oui mais et s’il y a du vent, ça va faire bizarre aussi. Bon je monte le plus haut possible.

Coup d’œil, effet satiné OK, régulier, non pas vraiment, est-ce que c’est joli, mmmmbof.

On dirait que mes jambes sont en plastique. Enfin, de loin, parce que à y regarder de plus près, il y a comme des trucs bleus rouge, avec des plaques de fond de teint. Ce n’est vraiment pas joli. Même si j’ai bien réussi la fesse droite. Totalement inutile donc, vu que je n’ai pas l’intention de montrer mes fesses.

Soupir…

Bon je vais l’enlever. Et repasser aux collants. Allez hop à la douche avec du savon.

Chéri me demande si j’en ai encore pour longtemps je lui dis : « nononon je sors dans cinq minutes ».

J’essaye de faire partir ce bidule au savon, il faut frotter vachement.

M …e, ça tient bien ce truc, et en plus ça sédimente dans le bac de la douche. Bon je verrai ça plus tard, je sors, je me sèche, je me maquille et me sèche les cheveux. Mes habits sont dans la chambre. Coup d’œil dans le bac de la douche. Mince, il est orange. Et sur mes jambes, heu il reste du produit. Ça ne devrait pas trop se voir avec le collant.

Je prends mon gant de toilette et attaque le nettoyage de la douche. Avec mon gel douche. Au bout de 20 minutes, les résultats ne sont pas terribles.

Enervement de Chéri parce qu’on va être en retard si il ne se prépare pas genre maintenant.

Je lui cède les lieux.

« Qu’est-ce que t’as mis dans la douche ??????????? »

« Rien, rien, ne t’occupe pas, je règlerai le truc demain… ».

Bon tant pis je vais devoir passer au collant, snif.

Craquage des deux premiers (normal) au troisième c’est bon.

Fait chaud, quand même….

C’est en catastrophe que nous partons rejoindre les invités.

 

Je retrouve mes amies, qui me complimentent sur ma robe plissée grise. Et elles me demandent : « mais t’as quoi sur tes mains ????? »

Scrogneugneu, je vais dans les toilettes trouver du savon.

Soirée sympa, nous avons passé un bon moment. Et le lendemain, cela m’a pris une heure pour nettoyer le bac à douche à l’huile de coude.

 

Et j’ai INTERDICTION d’utiliser ça chez nous.